3.10.10

Poètes de service à la gâchette





Léo Ferré, "Des armes"


Il pleut des cordes, ce soir. Des cordes, et c'est presque pas une image. Les gouttes se collent entrent elles, font la course à celle qui viendra la première s'écraser avec fracas sur le bitume glacé.


Des armes, des chouettes, des brillantes
Des qu'il faut nettoyer souvent pour le plaisir
Et qu'il faut caresser comme pour le plaisir
L'autre, celui qui fait rêver les communiantes


Un sourire, un mot, une démarche assurée. Un poignard, une étreinte, une religion. Entre nos quatre murs, sur nos cartons, derrière nos paupières closes, nous nettoyons nos armes.

Il éructe ces vers comme on marmonne des phrases sans sens quand les verres passés se font un peu trop nombreux.

Et l'ombre du chevelu plane, son sourire se dessine dans les gouttes, dans les reflets des réverbères de la rue éternellement déserte.

Des armes bleues comme la terre
Des qu'il faut se garder au chaud au fond de l'âme
Dans les yeux, dans le cœur, dans les bras d'une femme
Qu'on garde au fond de soi comme on garde un mystère


Et moi, ni dehors, ni dedans, j'ouvre le maximum de mes oreilles à moitié sourdes, pour n'en perdre une miette. J'ai comme l'impression que Le Chevelu parle des souvenirs là, non?

Des souvenirs, ceux qui restent et ceux qu'on finira par oublier. Ceux qui nous lacèrent le coeur autant qu'on les rappelle. Ceux dont on ne parle pas. Et ça me collerait presque des frissons, putain.


Des armes, au secret des jours
Sous l'herbe, dans le ciel et puis dans l'écriture
Des qui vous font rêver très tard dans les lectures
Et qui mettent la poésie dans les discours

Des armes, des armes, des armes
Et des poètes de service à la gâchette


Deux vers, chantés comme pour la dernière fois, criés dans un sanglot. Ni trop peu, ni trop.


Pour mettre le feu aux dernières cigarettes
Au bout d'un vers français brillant comme une larme



Well, ok... on doit se sentir comment après ça? Genre, merdique ou un truc du style? Parce que si c'est ça, bravo ça marche mec, on se sent tous cons. On est là, nous, avec nos ptites névroses, notre style brouillon, notre jeunesse qui transparait, et toi, tranquille, tu nous assène un bordel pareil? C'est pas sport, franchement.

Je n'ai sûrement pas compris la signification de ce poème, ou alors de travers. Et alors? Que celui qui le prétend s'avance, « le ventre à hauteur de canon » comme dirait mon ami Breton.


Allez, la prochaine fois je publie un truc marrant, ok? QUI VEUT UNE HISTOIRE DE TOTO, QUI?


7 commentaires:

  1. T'as réussi ton coup la miss, je pleure.
    Le texte de Léo et la voix de Bertrand conjuguées à ton talent c'est trop pour moi, je me rends...

    C'est pas un haut fait d'armes de me faire pleurer dans la mesure où chez moi l'émotion a du mal à s'enterrer...ou plutôt si, elle s'enracine loin pour mieux exploser à la surface. J'suis du genre saule pleureur jusque dans mes racines.

    N'empêche que j'avais pas prévu de pleurer ce soir...
    ...n'empêche que ça m'a fait du bien.
    Merci.

    RépondreSupprimer
  2. Ah j'ai pas dis ça!!!
    Sauf que passer direct de Léo à Toto c'est un peu rude, fallait que je m'en remette!
    Mais là c'est bon, tu peux y aller, lâche les blagues carambar, j'suis au taquet!

    RépondreSupprimer
  3. C'est une manie dans la famille d'avoir des blogs pas à l'heure? ;o)

    RépondreSupprimer
  4. loul', tu m'énèv'
    en vrai, bravo...

    RépondreSupprimer
  5. vous vous êtes données le mot les despés là? va falloir voir à me publier un truc graveleux fissa, sinon je vous envoie loop. dès que j'ai réussi à la géolocaliser.


    c'est dingue, quand je vois cantat j'ai l'impression de voir une tragédie grecque incarnée. genre le Destin tu vois. ça me fout les choquotes.

    RépondreSupprimer