26.8.10

Gabriel García Márquez- El Otoño del Patriarca


" Après onze heures seulement, il réussissait à surmonter le chavirement du petit matin pour affronter les hasards de la réalité. Autrefois, à l'époque de l'occupation des marines, il s'enfermait dans son bureau pour décider du destin de la patrie avec le commandant des troupes du débarquement et il signait toutes sortes de lois et d'arrêtés en appuyant son pouce sur le papier, car il ne savait alors ni lire ni écrire,mais quand on le laissa à nouveau seul avec la patrie et le pouvoir il ne voulut plus se faire de bile pour la loi écrite qui est une belle connerie et il se mit à gouverner de vive voix et en personne à toute heure et partout, révélant une parcimonie cavernaire mais aussi une diligence inimaginable chez un homme de son âge [...] il résolvait affaires d'Etat et problèmes domestiques avec la même simplicité qu'il ordonnait enlevez moi cette porte d'ici et mettez-la là, retardez l'horloge qu'elle ne sonne pas midi à midi mais à deux heures pour que la vie paraisse plus longue..."

16.8.10

Au détour d'une rue, Lille moulins.


Elle est assise, les jambes écartées,
les bras pendants, et la matière
brillante de sa robe qui retombe
flasque
sur ses seins rebondis
donne à voir un semblant de poupée.
un semblant de femme.
sa peau grise trahit une détresse impénétrable, un vide insondable.
son cou tendu expose sa tète ronde
ses sourcils relevés donnent
à son regard une lueur de surprise
éteinte, quelque chose comme
l'étonnement de la danseuse qui vient
de s'écraser au sol.


"Le vide, c'est l'humanité entière [moins les chiens]"